Menu
Libération

Les rudesses d’un doux été

Article réservé aux abonnés
La lutte des glaces. Pendant deux semaines, «Libération» s’installe en Arctique.
publié le 3 septembre 2009 à 0h00

Toutes les douze heures, Mikkel Broenland s'amuse à lâcher un ballon blanc dans le ciel groenlandais. Il travaille à la station météo d'Ittoqqortoormiit, créée lors de la Seconde Guerre mondiale pour aider les Alliés à anticiper les bombardements nazis. Humidité, pression, températures, vents… Le ballon, gonflé à l'hydrogène, envoie une foultitude de données lors de sa progression dans le ciel qui serviront à l'Institut météorologique danois. La station de ce village de chasseurs est essentielle pour prévenir les tempêtes de l'Atlantique. «On considère que le temps qu'il fait ici sera celui qu'il fera en Europe deux jours plus tard», explique Henrik Thomsen, chef de la station météo. Installé au Groenland depuis 1973, il avoue avoir vu changer le climat au cours des dix dernières années. «Je ne fais qu'observer le temps, je ne l'analyse pas, précise-t-il, mais cela ne fait aucun doute que les hivers et les étés ne sont plus les mêmes.» Cet été, la pluie a ruiné la saison, d'ordinaire sèche, ensoleillée et froide. «On n'appelle pas ça la Riviera polaire pour rien», sourit-il.

Les sols verdissent sous l'effet de mousses, de petites herbes et de lichens. «La végétation reprend ses droits», dit Mikkel, Inuit de souche, qui ramasse désormais des baies tout l'été. D'ordinaire, au printemps et en été, la glace recouvre une partie du fjord, ce qui permet aux pêcheurs de débusquer les phoques alanguis sur la banquise. Or l'eau du fjord est