La sauvegarde de l'abeille sera le thème central du congrès Apimondia qui s'ouvre ce matin à Montpellier. Qui est responsable de leur déclin ? Le journaliste scientifique Vincent Tardieu vient de publier une enquête sur les malheurs d'apis mellifera (1), qui essaie d'apporter de la clarté dans ce débat passionnel.
Etes-vous parvenu à identifier un «coupable» ?
C’est un peu démoralisant pour les apiculteurs mais, après cette enquête, je pense qu’il n’y a pas de coupable unique. On est face à un problème multifactoriel, et je ne suis même pas sûr que, d’une année sur l’autre, le responsable soit le même. Ma seule certitude, c’est qu’on ne peut pas simplifier. L’abeille est à un tel carrefour d’influences écologiques… Pendant mon enquête, j’ai changé de regard : au début, je n’étais pas convaincu par le rôle des pesticides mais, même s’il n’y a pas de preuve de terrain, il y a quand même une accumulation de données troublantes.
Vous isolez malgré tout des suspects principaux…
Au regard des dernières études, je me suis risqué à pointer deux suspects principaux conjoints, le varroa (un acarien) et les pesticides, sans qu’on puisse affirmer lequel est la cause de l’autre. Sans oublier le nosema, un microchampignon.
Pourquoi la question semble-t-elle si sensible ?
Ce dossier donne souvent lieu à des postures irrationnelles, parfois agressives, les chercheurs sont divisés. Il faut prendre aussi en compte la dimension sociologique d’une profession apicole isolée, marginalisée au sein du monde agricole et qu’il faut revaloriser. En donnant une valeur économique au service rendu par la pollinisation, on a fait comprendre