Alain Juppé. Maire de Bordeaux (UMP), ancien Premier ministre (1995-1997)
Gérard Collomb. Sénateur-maire de Lyon, président du conseil national du PS
Max Armanet : Le progrès et l'émancipation de la société sont longtemps passés par la ville.«L'air de la ville rend libre», avait-on coutume de dire. Les solidarités, les technologies se sont d'abord installées dans des espaces urbains. Mais les villes ont grandi démesurément, multipliant stress, solitude, pollution. Elles ne constituent plus un espace homogène, mais, au contraire, favorisent la montée d'espaces isolés, communiquant mal entre eux, entraînant l'exclusion et la multiplication des ghettos, qu'ils soient de pauvres ou de riches. Arrive-t-on à la fin d'un modèle urbain ? Ecologie et urbanisation sont-elles encore compatibles ?
Alain Juppé : Je suis tenté de répondre non. La première image de la ville est celle d'un embouteillage, la galère domicile-travail, la pollution, le bruit, le bétonnage des sols. C'est aussi le casse-tête de la gestion des déchets, la précarité, l'insécurité et la violence urbaine. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes et l'on s'attend à atteindre 90 % d'ici à quelques décennies. Ce tableau pessimiste de la ville monstre ne résume heureusement pas la réalité. La performance environnementale des grandes villes comme Paris, Berlin, New York, Toky