Derrière chaque vague, il voit un rêve. Patrice Franceschi arpente le pont de son trois-mâts, adolescent proche de la soixantaine, regard de ciel et sourire de miel. C’est un candide plein d’expérience pour qui les tropiques sont tout sauf tristes. Il part dans le sillage de Bougainville à la rencontre des peuples de la mer et d’une certaine idée de l’écologie. Voyage d’agrément ? Certes non. Avant d’affronter les dangers de l’horizon, ce nomade têtu a déjoué tous les pièges que les sédentaires lui ont tendus. Pour cet aventurier au long cours, partir, c’est souffrir.
La Boudeuse a retrouvé le sourire : le large appelle une nouvelle fois le grand navire élancé qui peut tailler ses 10 nœuds (18,52 km/h) sur tous les océans dans de grandes gerbes d'écume. Renfrogné dans son coin de Seine, ce très grand bateau rongeait ses amarres parisiennes à l'ombre de la Très Grande Bibliothèque, immobilisé à quai par le manque d'argent. Les mécènes se sont décidé : elle a touché son équipage, abattu ses mâts et descendu le fleuve impassible pour se refaire une jeunesse dans un chantier du Havre. De là, Franceschi aperçoit l'océan et devine les angoisses du prochain périple.
L’aventure n’est pas un dîner de gala
Depuis sa prime jeunesse, il se voue aux projets les plus insensés avec une insouciance de poète en partance. A 20 ans, il hésite entre la médecine et l’aventure. Son père militaire exige une carrière. Lui préfère Conrad à ses polycopiés. Il se retrouve en Guyane, loin des am