Mais à qui donc appartenait l'Erika ? Dix ans après le naufrage du pétrolier et la marée noire qu'il provoqua, plus de deux ans après le procès, nul ne le sait. Ce n'est pas anecdotique bien sûr, mais pas forcément singulier : c'est hélas à l'image de «la réalité du transport maritime» : l'expression est d'Antonio Pollara, le gestionnaire du navire, qui témoignait hier au deuxième jour du procès de l'Erika en appel à Paris. Une journée passée à ramer dans les eaux troubles de l'organisation du fret maritime.
Le président de la cour d'appel, Joseph Valentin, a reposé inlassablement les mêmes questions sur la définition des rôles et des tâches avant la catastrophe. D'abord à Giuseppe Savarese, l'armateur italien, qui affirme ne pas être le propriétaire du pétrolier. C'est vrai puisque c'est la société Tevere Shipping qui l'a acheté en 1996. Mais Tevere Shipping est une société d'armement créée l'année précédente, à partir de deux sociétés libériennes, achetées avec «1500 dollars» de mise par… Savarese lui-même. Un peu plus tard, lorsque le président lui demande pourquoi et pour quel montant a été acquis l'Erika, Savarese répond : «J'avais décidé d'investir dans les pétroliers de cette jauge. J'avais en vue ce navire qui était vendu 1 850 000 dollars.» Acquisition financée par la Bank of Scotland et «montage hyperclassique pour un armateur» selon Isabelle Corbier, avocate spécialiste du droit maritime. «Vous dite