C’est un procès en bonne et due forme, avec des juges en robe de magistrats, des procureurs qui font des effets de manches, des avocats éloquents et des témoins. L’enjeu : le sort de la planète. Dans le box des accusés, les gouvernements des pays du G8, appuyés par leurs témoins : un sénateur texan en baskets, un industriel débonnaire nommé Monsieur Fioul, et un troisième comparse qui dirige l’Institut de la vérité sur le climat. Ils sont accusés d’être en grande partie responsables du réchauffement climatique et de refuser d’assumer leurs responsabilités. C’est l’ONG Oxfam, en collaboration avec des dizaines d’ONG asiatiques présentes à Bangkok à l’occasion des négociations sur le réchauffement climatique - avant-dernier round avant le sommet de Copenhague en décembre -, qui organise ce procès des pays industrialisés.
Diapositives. La juge-présidente frappe de son maillet : l'audience commence. Dawa Steven, un solide sherpa népalais, fournit le premier témoignage. A l'aide de diapositives des montagnes de sa région d'origine, il décrit les effets dramatiques des émissions de gaz carbonique sur le paysage himalayen. «La fréquence des avalanches, des chutes de rochers et des effondrements de ponts est beaucoup plus forte que par le passé. J'ai failli y perdre deux fois la vie», dit-il.
Lui succède à la barre une femme du Bangladesh, enveloppée dans un élégant sari jaune, qui fond en larmes en racontant comment la montée des eaux de la mer a détruit sa