«J'ai peur.» D'emblée, la voix off de Nicolas Hulot nous laisse entendre ce qu'essaie d'être le Syndrome du Titanic, un film personnel, presque intime. On voit surtout très vite ce qu'il n'est pas. Pas un documentaire de plus sur la planète qui ne va pas fort. Pas une succession d'images spectaculaires sur les merveilles menacées de la nature. Pas une illustration bourrée de chiffres sur le réchauffement climatique. Ces films-là ont été réalisés, et Nicolas Hulot semble penser que le temps des constats alarmistes est dépassé (1).
Depuis plusieurs années, l'aventurier consensuel pour prime-time de première chaîne a musclé et enrichi son discours, au point de devenir un lobbyiste influent de la cause environnementale. Et s'il juge que «le clivage gauche-droite n'est plus opérant» (2), son discours s'est radicalisé. Les crises écologiques, économiques, sociales sont indissociables et «le modèle économique dominant n'est plus la solution, mais bien le problème». En partageant avec le grand public son évolution personnelle, il franchit encore un cap. Car si la cible est large, a en juger par la campagne de promotion du film, le propos est plus grave que glamour. Mais après tout, qui d'autre pourrait se permettre de faire partager sur grand écran sa réflexion sur le monde, à la première personne, pendant une heure trente, en déroulant une sorte de manifeste politique pour une «sobriété heureuse» ?
Au-delà du discours, le Synd