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Interview

«Ça n’a pas de prix, donc ce n’est pas reconnu»

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publié le 23 octobre 2009 à 0h00

C'est l'homme qui est chargé de rendre sa vraie valeur à la nature. Celui qui évalue, par exemple, les services rendus par la forêt tropicale à 3 400 milliards de dollars par an. L'économiste indien Pavan Sukhdev pilote depuis plus d'un an, sous l'égide de la Commission européenne et des Nations unies, l'étude TEEB (The Economics of Ecosystem and Biodiversity). Après un rapport intermédiaire en 2008, les experts rendront leurs conclusions par étape d'ici à un an, en commençant, mi-novembre, par l'étude à l'attention des décideurs. Libération l'a joint hier.

Pourquoi chercher à donner un prix à la biodiversité ?

Aujourd’hui, la plupart des services rendus par la biodiversité sont des services publics : fixation du carbone, stabilisation des sols, fourniture d’eau potable, de nourriture, possibilité d’écotourisme… Beaucoup de ces services échappent au marché, qui ne fonctionne que pour les biens et les services privés. Comme ils n’ont pas de prix, ils ne sont pas reconnus. On leur donne une valeur économique… de zéro.

Donner un prix, n’est-ce pas permettre de payer pour détruire ?

C’est la façon négative de voir les choses : payer pour polluer. Donner un prix permet, selon nous, au contraire de conserver ce qui ne l’est pas aujourd’hui. C’est le rôle des gouvernements d’investir dans le bien-être public.

Quels sont les écosystèmes les plus en danger ?

Les deux plus menacés sont les forêts tropicales et les récifs coralliens. Les forêts jouent un rôle crucial dans la régulation climatique. Elles ont aussi un rôle social important car elles sont majoritairement situées dans des pays en développement : en plus de leur intérêt mondial, su