Dans une ville à moitié inondée à chaque longue averse, détruire le grand lac au nord de la capitale cambodgienne, Phnom Penh, réservoir naturel et séculaire, ne semble pas être un choix qui s'impose. Et pourtant c'est la décision qu'a prise avec enthousiasme la municipalité de la ville, en cédant, pour 50 millions d'euros, à une firme immobilière privée, une parcelle de 133 hectares dans le nord de la capitale, laquelle inclut le lac Boeung Kak, dont la superficie couvre 90 hectares. «C'est un espace ouvert au cœur de la ville, avec un potentiel fantastique pour devenir une aire de relaxation, raconteDavid Pred, fondateur de l'ONG Bridge across Borders, qui milite pour la préservation de Boeung Kak. Mais ce que voit le gouvernement, c'est 133 hectares de terrains immobiliers qui sont gâchés parce qu'il y a un lac.»
De la terrasse de la guest houseFloating Island, dans le quartier des routards à l'est du lac, la vue est saisissante. Une large langue de sable s'avance jusqu'au milieu du lac. Posé sur celle-ci, un pipeline crache le sable aspiré à six kilomètres de là, au point de rencontre des fleuves Mékong, Tonle Sap et Bassac, juste en face du Palais du roi du Cambodge. «Le lac sera comblé dans moins d'un an, dit Tam Suthi, le propriétaire de la guest house en observant la langue de sable. Cela ne nous fait pas plaisir, mais nous n'avons pas le choix, nous allons devoir partir. Le gouvernement dit qu'il a le droit de