«A quoi sert un eider à duvet ?» C'est Allain Bougrain Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui a osé la question mardi, au procès en appel de l'Erika. L'eider à duvet, c'est ce canard marin qui, depuis la marée noire provoquée par le naufrage du pétrolier, en 1999, a disparu du golfe de Gascogne. «A quoi sert la Joconde ? Comme on est fier de son patrimoine culturel, on peut être fier de son patrimoine naturel, a-t-il argumenté. La biodiversité, c'est notre assurance-vie, la France est riche d'un tissu vivant exceptionnel mais la différence avec le patrimoine culturel c'est qu'on ne connaît pas le prix de la nature.»
Mazoutés. En première instance, la LPO avait obtenu, au-delà de l'indemnisation de ses préjudices matériel et moral, celle du «préjudice résultant d'une atteinte à l'environnement». Une notion neuve en droit français. Le juge avait reconnu le rôle de gardien de l'environnement de la LPO qui, depuis quatre-vingt-dix-huit ans, protège les oiseaux. La LPO a collecté 74 000 oiseaux mazoutés dont 32 000 vivants ; 20 000 ont été soignés, mais seuls 2 100 ont été relâchés. Au moins 150 000 auraient succombé.
Cité comme témoin par la LPO, Jacques Trouvilliez, directeur du service du patrimoine naturel au Muséum national d'histoire naturelle, a expliqué qu'il était difficile d'évaluer l'atteinte à la biodiversité en «l'absence d'un état initial, avant catastrophe». En