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Interview

«Avec moins de 1 % de l’argent investi pour sauver les banques, il n’y aurait aucun souci»

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Françoise Barré-Sinoussi prix Nobel de médecine et Pauline Londeix d’Act Up :
publié le 6 novembre 2009 à 0h00

Dialogue entre un prix Nobel de médecine et une activiste. Françoise Barré-Sinoussi, codécouvreuse du virus du sida, et Pauline Londeix, responsable des actions internationales à Act Up, évoquent la dégradation des moyens consacrés à la lutte contre le sida dans les pays pauvres.

Françoise Barré-Sinoussi : La situation a rarement été si inquiétante. Alors que depuis cinq ans on assiste à une progression spectaculaire du nombre de personnes mises sous traitement dans les pays les plus pauvres - même si cela reste encore insuffisant, puisque 40% seulement de ceux qui ont besoin d'un traitement y ont accès -, là, brutalement, on a le sentiment d'un désengagement des pays riches. Tous les progrès risquent de s'effondrer. Certains pays ont déjà des difficultés d'approvisionnement en médicaments. D'autres diminuent la dose qu'ils donnent à leurs patients. Au-delà des drames individuels, il y a le risque collectif de voir l'apparition de nouvelles résistances au virus, avec des virus qui se transmettent et qui seront alors résistants aux traitements.

Pauline Londeix : Aujourd'hui, au Cameroun, près de 98 % des patients traités reçoivent de vieilles molécules, les plus toxiques. Même eux risquent de ne plus y avoir accès. Et les programmes arrivent à leur terme : il ne peut y avoir de nouveaux patients pris en charge avant 2010. En Ouganda, les listes d'attente sont réapparues.

F.B.-S. :La grosse crainte est là : que le Fonds mondial d