Traçant sa route dans «l'opacité» d'un«dossier brouillé à dessein»,écartant les brumes de «l'apparence»pour dévoiler la réalité des faits, l'avocate générale a livré mardi, un réquisitoire de «bon sens»dans le procès en appel de la catastrophe de l'Erika. Et dressé un tableau sans complaisance du shipping, ce milieu qui trouve «banal» ce qui serait extraordinaire ailleurs.
Le naufrage de l'Erika, ce pétrolier qui s'est brisé en deux en décembre 1999 au large du Finistère, souillant 400 km de côtes, n'était pas une«avarie imprévisible», dû à une météo déchaînée ou à un«vice caché» du bateau comme l'affirme Total. La cause essentielle, c'est «la corrosion aggravée du navire»,a martelé Françoise Mothes. Du haut de ses 24 ans, l'Erika était en fin de vie, pourri jusqu'à l'os, et les prévenus le savaient. Pour la représentante du ministère public, tous sont responsables.«Chacun de vous a commis des fautes, caractérisées ou d'imprudence», leur a-t-elle lancé.
«De concert». D'abord l'armateur de l'Erika, l'Italien Giuseppe Savarese, et le gestionnaire, le Sicilien Antonio Pollara. «Indissociables» car leurs «décisions ont été prises de concert» et «ils ont monté un système d'exploitation du navire sans se préoccuper de la sécurité». Une preuve ? Les réparations faites à Bijela (Montenegro) en 1998 : 500 000 dollars de travaux prévus pour remettre l'Erika