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Libération
Reportage

En Amazonie, la forêt reprend ses droits

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En 2009, le défrichement a reculé comme jamais en vingt ans. Un progrès dû à un début de prise de conscience de l’ensemble de la filière au Brésil.
Vue aérienne de la forêt amazonienne près de Manaus, au Brésil, le 28 novembre 2006 (AFP Evaristo Sa)
par Chantal Rayes, Envoyée spéciale à Paragominas (Pará)
publié le 13 novembre 2009 à 0h00

L’arbre, un angelim amargoso de 25 mètres de haut, tombe dans un bruit sec. D’une précision millimétrique, la coupe a duré moins de cinq minutes. Nous sommes à Paragominas, dans l’Etat amazonien du Pará, sur les terres de Cikel, un producteur de bois d’origine certifiée. Cette forêt est exploitée selon des méthodes de sylviculture qui permettent de réduire l’impact sur la végétation. Sur les 2 500 arbres inventoriés ici, Cikel ne va en couper «que» 649. Arbres reproducteurs (ceux qui «ensemencent» les environs avec leurs graines), espèces protégées ou non-commercialisables ont tous été écartés.

Le coupeur Valderez Vieira, dit Ceará, devait abattre l'argelim amargoso tout en épargnant les arbres voisins. Pour orienter la chute, il a pris sa tronçonneuse et pratiqué une ouverture de 45 degrés dans l'imposant tronc en forme de trépied. Puis une coupe horizontale à ras, pour ne rien perdre du bois. Sa méthode, il l'enseigne à l'Institut forêt tropicale (IFT), un centre qui forme aux techniques de gestion forestière dans les neufs pays d'Amazonie et ailleurs. Ceará est un repenti de l'«exploitation conventionnelle», l'euphémisme par lequel on désigne ici la dévastation. «Non seulement, nos anciennes méthodes détruisaient la forêt mais en plus, c'est dangereux, raconte-t-il. On n'avait pas d'équipement de sécurité. Des collègues sont morts parce qu'un arbre leur est tombé dessus.»

Surveillance satellite. A quelques kilomètres de là, un exemple de c