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Interview

Climat : «Tout le monde est dans l’évitement»

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A quinze jours de Copenhague, le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, confie ses doutes, ses espoirs et évoque son avenir.
La réussite du sommet climat de Copenhague est menacée par la frilosité américaine, estime le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, qui juge indispensable de prévoir un dispositif - concret et chiffré - de solidarité envers les pays les plus vulnérables. (AFP Gerard Cerles)
publié le 24 novembre 2009 à 0h00

A deux semaines du sommet climatique de Copenhague, beaucoup craignent un échec des négociations. Entre deux déplacements en Afrique et en Amérique du Sud, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a répondu à Libération.

Le sommet de Copenhague sera-t-il le fiasco annoncé ?

Bien sûr que non. L'enjeu est de taille. Il s'agit de convaincre les pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effets de serre de 25% à 40% d'ici 2020 par rapport à leurs émissions de 1990, et de 80% d'ici 2050. Il faut aussi que les pays émergents s'engagent sur des cibles concrètes de maîtrise de leurs émissions de CO2 et les fassent accepter par leur population. C'est énorme, difficile, mais essentiel. Mais on ne peut pas demander à des pays qui ont un fort taux de pauvreté de choisir entre réduction de CO2 et croissance. Ce serait irréaliste.

Un texte fort avec des chiffres et des dates d’engagement est-il possible ?

Plus le texte sera emphatique, plus il sera vide. Plus les chiffres seront globaux et lointains, plus on voudra repousser une décision ou un traité, à six mois ou davantage, plus on cherchera à gagner du temps inutilement. Je le dis à ceux qui parlent déjà d’un Copenhague bis dans six mois : «De quelle information disposera-t-on dans six mois qu’on ne connaît pas déjà aujourd’hui ?»

Pourquoi est-ce si délicat alors que les opinions publiques sont volontaristes ?

Parce que cela engage de vraies révolutions. Or la réalité, c’est que tous les gouvernements réfléchissent et hésitent. Que tout le monde est dans l’évitement. Mais que sans initiative forte, on va dans le mur. Or il faut que l’on parvienne à un texte clair, avec des objectifs précis, et des