Rencontrer Sunita Narain n'est pas une mince affaire. Figure de proue des causes vertes dans un pays en développement de plus d'un milliard d'habitants, son emploi du temps est plus chargé que celui d'un ministre. Elle nous reçoit de nuit, au ministère de l'Environnement, à la sortie d'une réunion sur les projets d'aménagements du Gange, avant de filer à Bhopàl pour le 25e anniversaire de la pire catastrophe industrielle de tous les temps, puis de s'envoler pour Copenhague. «De la folie, mais c'est mon boulot», lâche-t-elle avec ce sourire contagieux qui, couplé à son franc-parler, fait d'elle une star des plateaux télé.
Architecte. A 48 ans, Sunita Narain dirige le Center for Science and Environment (CSE), chien de garde national des dossiers environnementaux. Think tank écologique doublé d'un laboratoire d'analyse, éditeur du seul vrai magazine indien sur ces questions et organisateur d'ateliers de formation pour la société civile, cette institution est la pièce maîtresse - et quasi la seule - du lobby vert indien. Un dispositif efficace car il appuie ses points de vue sur des données scientifiques. «Ma hantise, c'est une erreur scientifique, souffle d'ailleurs la directrice. Notre crédibilité serait remise en cause, et donc notre capacité à influer sur les politiques publiques.»
Car, au-delà de sa volonté d’éveiller la conscience écologique des masses dans ce pays où l’environnement est loin d’être une priorité