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Portrait

La vigie chinoise

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Les avant-gardistes. Précurseurs il y a trente ans ou militants isolés dans des pays peu mobilisés, ces pionniers sont depuis longtemps aux avant-postes de la lutte. Seuls contre tous, ou presque.
publié le 7 décembre 2009 à 0h00

La Chine, principal pays émetteur de gaz à effet de serre, est un cauchemar écologique. Les deux tiers de ses cours d'eau sont souillés et l'on ne compte plus les dizaines, voire les centaines de «villages du cancer» où même les enfants meurent silencieusement de la pollution. Pourtant, la Chine peut s'en sortir, garantit Ma Jun, directeur de l'Institut public de recherche sur l'environnement (Ipre) de Pékin. Teint pâle, profil effacé, calvitie précoce et costume avachi de bureaucrate, ce pionnier de l'écologie chinoise ne tranche pas par sa singularité. Mais il a une solution. «La société sera le moteur de ce changement, assure le fondateur de cette téméraire ONG. Même les décisions du gouvernement seront basées sur les choix que fera le public.»

Suicide. Ma, 41 ans, est un ancien journaliste. Il a travaillé pour le bureau de Pékin du quotidien anglophone honkongais South China Morning Post dans les années 90. Révulsé par le suicide écologique chinois, il est parti étudier les sciences de l'environnement aux Etats-Unis, à l'université de Yale. De retour, il fonde l'Ipre et publie, en 2006 sur son site internet (1), une carte interactive des rivières les plus polluées et, surtout, identifie la source de ces pollutions. Une petite révolution en Chine où les autorités ont tendance à considérer que les aléas de la pollution ne doivent pas menacer le développement économique à outrance lancé en 1992 par Deng Xiaoping. Ma récidiva peu ap