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Libération
AVANT-GARDISTES

Le Colombien qui multiplie les pins

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publié le 7 décembre 2009 à 0h00

Quand Paolo Lugari s'est dressé pour la première fois face à l'étendue inhospitalière, dans un coin sans nom ni maître du bassin de l'Orénoque colombien, il n'a entendu que «la voix de la solitude». De l'eau insalubre, un sol acide, pas même l'ombre des Indiens qui vivotaient dans la zone : Gaviotas, comme il baptise aussitôt l'endroit, du nom des oiseaux égarés qui viennent le saluer, était «peut-être le lieu le plus hostile au monde». Quarante ans après, le coin insalubre est devenu une cité idéale boisée. Le centre de recherche et de production, habité par près de 200 personnes, est montré comme un exemple de développement durable de Rome à Tokyo.

Miracle. Lugari, éduqué loin des bancs d'école par son père, aristo italien émigré, et ses amis chercheurs, se vante aujourd'hui, à 65 ans, d'avoir édifié ce petit miracle «loin des manuels». Il est d'abord allé débusquer, en Amérique centrale, une espèce de pin adaptée au terrain pauvre des plaines colombiennes. Il débute la plantation en 1971, de façon empirique. Au fil des ans, les arbres s'étendent jusqu'à occuper 8 000 hectares et une véritable forêt tropicale renaît spontanément sous leur couvert, abritant des espèces endémiques amazoniennes. La forêt est arrosée de pluies croissantes, filtrées par le nouvel humus, et les eaux rémanentes laissent la place à une eau de source vendue à bas prix aux habitants de la zone. «Il est possible d'habiter un lieu sans l'abîmer, et même e