Il aura fallu la mort d'un cheval, victime des émanations toxiques des algues vertes entassées sur une plage bretonne, le 28 juillet, pour que les lignes commencent à bouger. «Il faudrait lui ériger un mausolée», plaisante René Roparz, le maire (sans étiquette) de Saint-Michel-en-Grève, théâtre de l'événement. Ce qui n'était qu'une nuisance environnementale et olfactive, certes incommodante mais somme toute limitée à quelques zones du littoral breton, est devenu un problème de santé publique. Un mois plus tard, le 20 août, la visite du Premier ministre à Saint-Michel-en-Grève transformait le phénomène en cause nationale. Nommée aussitôt après par François Fillon, la mission interministérielle doit rendre avant la fin de la semaine son rapport sur les algues vertes.
Jusqu'à présent, du côté de l'Etat, la responsabilité de l'agriculture intensive n'était évoquée qu'à mots couverts. Rendue publique cet automne, une note confidentielle, du préfet des Côtes-d'Armor au Premier ministre et au secrétariat d'Etat à l'Ecologie a pourtant mis les pieds dans ce plat d'ulves nauséabondes. Cette note reconnaît noir sur blanc la responsabilité de l'azote d'origine agricole dans la prolifération des algues vertes. Mieux, le préfet ne voyait comme seule solution à une «diminution visible et notable de ce phénomène» qu'un «changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés». Ajoutant avec lucidité : «Ce que la profession agricole n'est pas près