Midi, sur la place de Trianglen, à quelques encablures du centre de Copenhague. Trois gamines préparent leurs kits de premiers soins, sweat-shirt noir et brassard blanc apparent. Peu à peu, la foule afflue. 300 personnes, tout au plus.
Des tracts sont distribués. L'objectif: frapper les moyens de production au port de Nordhavn et dénoncer «la société de marché, fondée sur le profit». Les installations sont à moins d'un kilomètre. Plusieurs objectifs sont inscrits sur le plan, dont l'endroit où sont stockés les containers ou les grues de chantier. Un des mots d'ordre: «Arracher les étiquettes d'identification des containers.»
Des représentants de la police arrivent et de courtes négociations s'engagent, dans la confusion. La manifestation, formellement annoncée dans les guides des militants mais dont la police dit qu'elle n'était pas «prévue», sera-t-elle tolérée? Ces anars venus de Strasbourg en doutent: «il y a trop de caméras ici, on se casse et on retournera au port en petits groupes». Dans la foule, également, des volontaires danois d'une organisation chargée de surveiller les «brutalités policières». Karen, équipée de sa chasuble jaune fluo, semble redouter des débordements: «La police danoise a des pouvoirs spéciaux. Je ne sais pas comment ça va tourner».
Mal, en l'occurrence. Le cortège, précédé d'une banderole «Hit the production» («Frapper la production», ndlr) démarre, d'abord escorté d'une cinquantaine de