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TRIBUNE

Bourses du climat, marché de dupes à Copenhague

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par Jean-Marc Salmon, sociologue, spécialiste du climat
publié le 14 décembre 2009 à 0h00

Face au réchauffement de la planète, que nous proposent de concert Bruxelles et Washington ? La création d’un nouveau terrain de jeu spéculatif, celui des variations climatiques. Les responsables des Bourses de Chicago, celle qui en 1974 ouvrit les portes de son marché à terme du blé aux spéculateurs, ne s’y sont pas trompés. Alors que le Sénat américain n’a toujours pas accepté le principe de marchés de droits d’émission - ce que l’opinion décode souvent comme des «droits à polluer» - ils ont déjà créé une «plate-forme» ouvrant la voie à la spéculation sur le climat. Il ne fallait pas laisser l’Europe prendre la maîtrise de ce marché. Les diverses Bourses climatiques européennes déjà existantes représentent 85% du volume mondial et leur volume a doublé en un an. Ces Bourses-là fonctionnent, faut-il le préciser, selon les principes expérimentés à Chicago - marchés à terme ouverts aux fonds spéculatifs.

A Copenhague, nous sommes invités à nous réjouir du recyclage des archaïsmes du XXe siècle. Comme si Lehman Brothers n'avait pas fait faillite ; comme si le dollar ne s'effondrait pas ; comme si le nombre de mal-nourris dans le monde n'avait pas, selon la FAO, crevé en cette année 2009 le seuil record du milliard ; comme si la bulle des marchés dérivés n'avait pas explosé le premier assureur mondial, AIG. Après les malheurs où nous ont plongés les produits dérivés et les marchés à terme, on aurait pu attendre quelques garde-fous. Pour faire évoluer le système vers un