Le flop de Copenhague serait moins grave si la course contre le changement climatique pouvait être gagnée avec la stratégie du lièvre de la fable. Partir tard mais courir vite. L’ennui, expliquent climatologues et économistes spécialistes du sujet, c’est que seule la stratégie de la tortue, partir sans attendre, se révèle efficace contre la caractéristique commune au système climatique et à nos systèmes techniques : l’inertie.
Côté climat, cette inertie relève de la physique de base. Le moteur du changement, l'injection massive de gaz à effet de serre, ne fonctionne pas comme un accélérateur de voiture qu'il suffirait de cesser d'actionner pour réduire sa vitesse. Le principal des gaz émis, c'est le CO2. Or, sa «durée de vie» - le temps nécessaire à ce que la moitié du gaz injecté quitte l'atmosphère - est d'environ un siècle. L'effet climatique des émissions actuelles de CO2 persistera donc au moins un siècle.
Cette inertie du système climatique ne se limite pas au fonctionnement de son moteur, mais s’étend à ses réactions. Ainsi l’élévation du niveau marin par dilatation thermique, ou la réaction des calottes polaires à l’élévation de température se poursuivront plusieurs décennies après l’arrêt des émissions, et même après les stabilisations de la teneur atmosphérique en gaz à effet de serre et de la température de l’air.
Dizaines d'années. Hervé Le Treut, directeur du Laboratoire de météorologie dynamique (CNRS, Paris-VI, ENS, Polytech