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Libération
Reportage

Le littoral thaïlandais grignoté par les eaux

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L’avancée de la mer, provoquée par le réchauffement climatique, menace le village de Khun Samut Chin. Oubliés du gouvernement, les habitants tentent de s’organiser.
publié le 2 janvier 2010 à 0h00

Debout sur une passerelle face au golfe de Thaïlande, Vissanou Kengsamut, un jeune pêcheur du village de Khun Samut Chin montre le sommet d'une ligne de pylônes électriques qui émergent de la mer. «C'est tout ce qui reste de l'ancien village. Ces poteaux ont été installés en 1980, maintenant ils se trouvent à environ un kilomètre au large», dit-il.

Derrière lui, une pagode bouddhique est envasée sur un mètre de haut. Autrefois située au centre du village, elle est devenue une île, jointe à la terre ferme par un réseau de passerelles de béton et de planches de bois. «La mer a commencé à inonder la pagode pour la première fois il y a environ dix ans. Depuis, à chaque saison des marées, la mer envahit le temple avec un niveau à chaque fois plus élevé. Il a fallu construire un étage pour continuer à l'utiliser», raconte le pêcheur.

Peu à peu, Khun Samut Chin, un village de 300 personnes situé à 80 kilomètres au sud-est de Bangkok, est englouti par la mer. Les raisons en sont multiples. «La quantité de sédiments ramenés de l'intérieur des terres par les fleuves diminue à cause des barrages et des réservoirs. Mais surtout, les vents de mousson sont plus forts qu'avant et créent des vagues plus violentes qui érodent la côte», explique Anond Snidvongs, directeur de Start Asie du Sud-Est, un centre de recherche qui travaille sur le changement climatique.

mangrove. Depuis environ trente ans, 30 à 40 mètres de terres sont avalés par la mer c