Canis lupus signatus, nom savant du loup ibérique, est plus trapu que la plupart de ses cousins européens. Il ne dépasse pas les 70 centimètres de hauteur, et pèse rarement plus de 40 kilos. Son pelage est marron, tirant sur le jaune au niveau du ventre, et le cinquième doigt de sa patte ne touche pas le sol. Depuis des siècles, il inspire une sainte frousse aux habitants de Sanabria, une région boisée de la province de Zamora, à un jet de pierre du Portugal. Il n'y qu'à se promener de par les flancs de la Sierra de la Culebra. Dans chaque village, les anciens racontent avoir vu des dizaines de moutons égorgés par «l'unique bête qui tue, non pour manger, mais par pur plaisir». A Manzanal, certains évoquent même l'histoire d'une vieille femme éventrée par l'animal honni.
L'ironie de l'histoire, c'est qu'aujourd'hui le loup ibérique est désormais perçu comme un atout local. L'espérance que, grâce à lui, cette région sinistrée et paupérisée par l'exode de ses forces vives attire des visiteurs toute l'année. Un centre d'observation du loup, auquel le maire, José Fernández Blanco, et le président de la région Castille-Leon ont donné mi-décembre l'imprimatur officiel, ouvrira ses portes l'an prochain, à Puebla de Sanabria. 3,5 millions d'euros ont déjà été récoltés. L'idée est venue de l'édile du village : «L'agriculture est en berne, l'élevage agonise. Notre richesse, c'est le loup. Si on attire suffisamment de visiteurs, cela relancera l'économie locale, no