Si le gouvernement avait voulu creuser le fossé entre écolos et paysans sur les algues vertes, il ne s'y serait pas pris autrement. En distillant des infos partielles avant d'annoncer, hier en Conseil des ministres, un plan de 134 millions d'euros sur cinq ans - dont les détails ne seront connus que demain - il a exaspéré tout le monde. «C'est la confusion, lâche Gilles Huet, de l'association Eau et Rivières. Sur l'axe préventif, c'est la nébuleuse. Il est question de la mise en œuvre de projets territoriaux, de protection des zones humides sur la base du volontariat. Et qu'est ce qu'on fait si ça ne marche pas ?»
«Nous craignons un énième plan qui va coûter cher, renchérit Michel Guillemot, président de Halte aux marées vertes. On va ramasser les algues, nettoyer les plages et le cancer des algues vertes aura encore de beaux jours devant lui.» Les agriculteurs ne sont pas moins remontés. «On entend que c'est un plan fait par les agriculteurs et pour les agriculteurs, mais c'est faux ! s'exclame Jacques Jaouen, président de la chambre d'agriculture de Bretagne. C'est un plan gouvernemental dont on peut craindre certaines mesures.»
Les paysans redoutent des contraintes qui seraient élargies à six baies en Bretagne. Une décision qui signerait selon eux la fin de l'agriculture familiale. «Sur les algues vertes, il y a un problème de coresponsabilité, mais on va être une fois de plus au bout du fusil», s'alarme Michel