Menu
Libération
Interview

Jean Jouzel, «Les controverses sur le climat peuvent agacer, mais elles sont inévitables»

Article réservé aux abonnés
Jean Jouzel, membre français du Giec, réagit aux attaques sur la précision des données du groupe d’experts.
Fjord glacé (icefjord) d'Ilulissat au Groeland (AFP Slim Allagui)
publié le 8 février 2010 à 0h00

Jean Jouzel est membre du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Médaille d’or du CNRS, ce scientifique français a notamment participé à la découverte des relations entre climat et effet de serre dans les glaces de l’Antarctique et du Groenland.

Le Giec est accusé de s’être trompé sur l’avenir des glaciers de l’Himalaya ; un soupçon plane sur l’exactitude des données météo chinoises ; et la probité du président du Giec est mise en cause…

Ces critiques, dont certaines sont valables, ne mettent pas sérieusement en cause le diagnostic principal du Giec sur le changement climatique en cours, et surtout sur les dangers de celui, beaucoup plus important, qui surviendra si nous continuons à émettre de plus en plus de gaz à effet de serre.

Que penser de cette phrase du rapport de 2007 prévoyant la disparition des glaciers de l’Himalaya en 2035…

Cette affirmation est fausse, elle n’aurait jamais dû figurer dans les documents du Giec. La principale erreur a été de ne pas publier une correction dès 2007, en conformité avec les connaissances de l’époque. Mais précisons l’étendue réelle de cette erreur. La phrase fautive, comme le montre l’enregistrement des différentes versions du rapport complet du groupe 2 où elle figure, est apparue en toute fin de la procédure d’écriture. Elle s’appuie sur un rapport et non sur un article scientifique revu par les pairs, ce qui exige une plus grande vigilance - que nous n’avons pas eue. Ensuite, cette erreur a été corrigée dans le résumé technique de ce rapport et dans son résumé pour décideurs. Enfin, elle est absente de notre rapport de synthèse et de ses résumés techniques et pour décideurs. Mais il faut assumer cette erreur, et éviter de la réitérer.

Les données météorologiques chinoises, qui auraient sous-estimé les effets d’îlots de chaleur urbaine, sont-elles rédhibitoires ?

Les données météo anciennes posent deux problèmes. D