Inexorable, sombre et visqueuse, la nappe de pétrole devrait atteindre l’Adriatique d’ici quelques jours. En dépit des barrières dressées en toute hâte pour tenter d’endiguer le désastre écologique, les milliers de mètres cubes de carburant descendent lentement vers la mer en saccageant sur leur passage la faune et la flore du Pô. Déversés mardi vers 4 heures du matin, du côté de Monza (au nord de Milan), à la suite sans doute d’une action criminelle, les hydrocarbures ont déjà parcouru le cours du Lambro, un affluent du principal fleuve italien. Hier après-midi, ils s’écoulaient à proximité de Plaisance et devraient bientôt se diriger, plus à l’est, vers la Vénétie.
Les conseils régionaux de Lombardie et d'Emilie-Romagne ont annoncé leur intention de demander «l'état de calamité» pour faire face à «une situation grave qui met en danger le territoire et les cours d'eau». Déjà des centaines d'oiseaux - hérons, canards ou cormorans - se sont retrouvés pris au piège. Les autres ont fui loin du Lambro et du Pô. «C'est une énorme catastrophe», a commenté l'un des responsables locaux, Alfio Rabeschi. «Avec le courant, la nappe s'est diluée et le pétrole risque de s'accumuler dans les méandres du fleuve.»
«Criminel». Par précaution, les autorités ont invité la population à ne pas boire l'eau du robinet. «C'est un désastre écologique sans précédent pour l'écosystème du Lambro», a dénoncé l'association de défense de l'enviro