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TRIBUNE

La montagne et le loup

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par Henriette Martinez, Député des Hautes-Alpes (UMP), membre du comité national Loup
publié le 1er mars 2010 à 0h00

Le retour du loup en France serait - nous dit-on - un signe de la bonne santé des milieux naturels, mais les éleveurs, dont l’activité traditionnelle s’est structurée en l’absence, depuis près d’un siècle, de tout grand prédateur, ne voient pas les choses du même œil. Si la mise en place de moyens de protection limite les dégâts sur les troupeaux, c’est au prix de modifications importantes dans les pratiques des bergers, faisant passer au deuxième plan tous les autres enjeux de la biodiversité de la montagne. Or, le pâturage en est un facteur essentiel et sa perturbation produit des effets négatifs.

Bien mener un troupeau en montagne demande beaucoup de savoir-faire. Il faut ajuster la conduite au temps qu’il fait, au passage de randonneurs, à la préservation de la faune sauvage, il faut tenir serrées les bêtes sur l’herbe dense et grossière mais les laisser s’étaler sur l’herbe rase et éparse. Il faut répartir les bêtes la nuit sur de multiples points de couchage pour limiter les déplacements et les risques d’érosion. Lorsque le berger est obligé de conduire le troupeau toujours serré et de le regrouper toutes les nuits dans un même parc afin de le protéger du loup, cette gestion fine disparaît. Le berger concentre le troupeau sur les secteurs les moins dangereux où le risque de surpâturage s’accroît, augmentant le risque de pollution par excès d’azote. Le risque d’érosion s’accroît, les secteurs éloignés ne peuvent plus être pâturés et s’embroussaillent, les secteurs boisés