Le 10 septembre, dans l'Ain, le chef de l'Etat prenait l'opinion à témoin. «Vous le voyez mesdames, messieurs, il en va de la fiscalité écologique comme de tant d'autres choses : il y a ceux qui en parlent, et il y a ceux qui la font.» Il y a désormais ceux qui la décident, la défendent, et puis la renvoient aux calendes grecques. Hier, devant des députés UMP dont une bonne partie n'attendait que ça, François Fillon a annoncé l'ajournement de la taxe carbone, qui devait être refondue et entrer en vigueur le 1er juillet.
Simple report ou enterrement ? «Le gouvernement mettra en œuvre la taxe carbone, qui constitue un engagement du Grenelle de l'environnement», a tenté de déminer Matignon. Avant de préciser que «toutes les décisions prises en matière de développement durable doivent être analysées à l'aune de notre compétitivité» et «en commun avec les autres pays européens». Ce qui fait pas mal de conditions… D'ailleurs, pros comme antis ont interprété la sortie du Premier ministre comme un abandon de la taxe carbone. Chantal Jouanno, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, s'est dite «désespérée de ce recul, désespérée que ce soit l'écolo-scepticisme qui l'emporte», pendant que le patronat se réjouissait que «la demande du Medef ait été clairement entendue».
La «révolution fiscale» vantée par Sarkozy était déjà vacillante depuis la censure du texte fin décembre par le Conseil constitutionnel. En quelques mois