Elle est tout de noir vêtue. Aujourd'hui c'est jour de deuil au secrétariat d'Etat à l'Ecologie. Seul son chemisier de mousseline est strié de blanc, la marque de son innocence en politique. Chantal Jouanno est une femme sonnée. Le report sine die de la taxe carbone enterre l'utopie écologiste du gouvernement Fillon.
Dans son bureau s'alignent de vieux livres reliés cuir qui évoquent l'atmosphère d'un cabinet d'entomologiste. Chantal Jouanno est un papillon que les vieux crabes de l'UMP viennent d'épingler à leur tableau de chasse. Qui a déclenché l'hallali ? Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel, qui lui avait demandé en décembre de revoir sa copie ? Peut-être. Jean-François Copé et ses 315 fantassins de l'Assemblée ? Sans doute. Mais surtout ce chœur, cette représentation nationale porteuse de la vox populi, qui a réclamé le sacrifice de l'Antigone verte que d'aucuns faisaient passer, il y a peu, pour la Pompadour de l'Elysée à cause de méchantes rumeurs sur sa vie privée.
Gris-gris. Sur sa table de travail où sont disposés des gris-gris - une éolienne miniature, une statue africaine - censés chasser les écolosceptiques, un magazine de karaté avec sa photo à la une (madame la ministre est championne de karaté esthétique) : «Certains ont dit que j'étais ceinture noire de karaté et ceinture blanche en politique. On apprend de ses erreurs.» Un rayon de soleil printanier éclaire son visage rendu déjà lumineux par un d