Au Niger, la situation alimentaire n'a pas été aussi grave depuis 2005. La junte militaire, qui a pris le pouvoir le mois dernier, vient de lancer un appel à l'aide internationale, rompant avec le silence imposé par l'ex-président Mamadou Tandja. Selon l'ONG Action contre la faim (ACF), 20% de la population serait d'ores et déjà «dans une situation alimentaire grave», et 38,2% «dans une insécurité alimentaire modérée». Soit plus de la moitié des Nigériens.
Pays le plus pauvre de la planète, le Niger souffre d'un déficit alimentaire chronique face à une croissance démographique exponentielle. Le taux de fécondité y est le plus élevé au monde, avec 7,1 enfants par femme. Le moindre accident pluviométrique prend donc des proportions catastrophiques. C'est le cas cette année. Ce pays du Sahel a connu des précipitations erratiques durant la saison des pluies (de juin à octobre). Les paysans ont dû semer le mil à plusieurs reprises. «On a récolté 3 millions de tonnes de céréales, or les besoins sont estimés à 3,4 millions», note Caroline Bah, de l'association Afrique verte. Les stocks du gouvernement n'excèdent pas les 50 000 tonnes. «La crise a commencé, s'inquiète Abou Maman, directeur du quotidien de Niamey le Républicain.Dans la région de Maradi, des villages ont été désertés, les gens sont partis au Nigeria, d'autres ont rallié Niamey où ils s'entassent dans les bidonvilles, en espérant trouver un petit boulot.»
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