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Libération
EDITORIAL

Cieux

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publié le 19 avril 2010 à 0h00

Un grain de sable peut bloquer le monde. La poussière d'un volcan islandais devient la métaphore de la fragilité des sociétés contemporaines. Comme le proverbial battement d'aile du papillon, le transport aérien se retrouve bloqué de Shanghai à Paris, de Cracovie à New York. Toute une population nomade d'hommes d'affaires ou de vacanciers, d'artistes ou de présidents se retrouve clouée au sol. Soudain, on ne peut plus se lever à Istanbul, déjeuner à Paris et s'endormir à Manhattan. C'est le retour du train, des cars et des ferries, le retour des voyages qui durent des jours et non plus quelques heures. Cette panne gigantesque et planétaire est fondée sur le tout aussi proverbial principe de précaution, inscrit dans la Constitution française. Pour l'heure, ce sont les compagnies d'aviation qui émettent des doutes sur la dangerosité réelle du nuage islandais. Au vu de leurs pertes journalières, on peut s'interroger sur leurs motivations. Il reste que cette décision majeure d'interdire de vol les aviations du monde apparaît avoir été prise sans avoir même sondé et analysé les poussières volcaniques dans les cieux d'Europe. Tout aussi surprenant, chaque pays, sans doute jaloux de sa souveraineté, a fermé son espace aérien sans la moindre coordination ou même consultation de ses voisins. L'Union européenne, si soucieuse d'harmonisation parfois pour des sujets triviaux, ferait bien, pour lever tous les doutes, de donner, unie et unanime, des «éléments concrets», comme le