Alexander S. Kolker, professeur à l’université Tulane (Louisiane) observe depuis longtemps la destruction des marais.
En quoi le bayou de Louisiane, menacé par la marée noire, est-il particulièrement riche et important en matière de biodiversité ?
Le delta du Mississippi est l’un des plus grands au monde, avec ceux de l’Amazone, du Gange ou du Danube. La rencontre de l’eau douce et de l’eau salée en fait un écosystème particulièrement riche et diversifié. On compte une bonne centaine d’espèces différentes d’oiseaux, mais également des dauphins, des visons, des loutres, des alligators… Il n’y a pas vraiment ici d’espèces uniques au monde. Ce qui fait la spécificité de nos marécages, c’est plutôt la diversité des animaux qui s’y rencontrent. Mais le massacre des marais de Louisiane n’a pas commencé avec cette marée noire.
Combien de kilomètres de marais ont déjà disparu ?
Depuis 1900, nous avons déjà perdu plus de 4 000 km2 de côtes en Louisiane. La période la plus destructrice s'étala de 1950 à 1980, avec l'expansion des forages offshore qui ont nécessité le creusement d'innombrables chenaux à travers les marais. A l'époque, on détruisait jusqu'à 100 km2 de marais par an. Aujourd'hui, le rythme s'est ralenti, nous perdons environ 50 km2 par an, mais le processus continue et peut s'accélérer, à tout moment, du fait des ouragans. Avec Katrina, ce sont plus de 500 km2 qui se sont envolés. Aujourd'hui, il nous reste environ 20 000 km2 . Si rien n'est fait pour ralentir ce processus, d'ici cinquante ou cent ans, il ne restera pas forcément grand-chose.
Quel peut être l’effet de la marée noire sur cet environnement ?
Tout dépend de la quantité de pétrole qui va pénétrer