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Libération
Reportage

Marais noirs en Louisiane

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Dans le bayou, l’invasion du pétrole continue. Les habitants dénoncent les ravages de l’homme et de l’exploitation pétrolière.
publié le 4 mai 2010 à 0h00

«Vous voulez voir comme il est beau notre bayou ? Venez, je vous emmène ! Regardez ! Mais regardez ! Jamais je n’ai vu un endroit aussi moche !»

Au volant de son gros 4 x 4, Noël Bunol, 60 ans, nous emmène au bout de la péninsule de Venice, la pointe la plus au sud de la Louisiane, où l’eau et la terre se mélangent. A notre gauche, c’est le Mississippi, à droite et devant nous, le Golfe du Mexique. L’eau douce et l’eau de mer se rencontrent sur la route complètement inondée. Des aigrettes blanches ou noires, des ibis, reconnaissables à leurs becs courbés et leur plumage blanc bordé de noir au bout des ailes, des canards sauvages et des mouettes nous accompagnent. Les oiseaux pêchent à même la route, où l’eau est peu profonde et où ils repèrent facilement crevettes et petits poissons. La voie est bordée de roseaux et d’iris de Louisiane, de grandes fleurs blanches ici et violettes plus loin, quand on s’enfonce en bateau dans le marais. En passant un peu de temps sur cette route, on peut croiser aussi des alligators (par beau temps, quand ils prennent le soleil), des pélicans, des biches, des porcs sauvages ou des ratons laveurs. Mais Noël Bunol qui est pêcheur, guide, représentant en assurances et très en colère, a du mal à apprécier le spectacle de la nature.

Massacre. «Regardez tous ces cyprès morts, dit-il en montrant les bosquets de troncs nus qui dressent leurs silhouettes torturées au milieu de l'eau, des deux côtés de la route. Il y