Singapour, la cité Etat, autoproclamé champion régional de la cause verte. Singapour, son extension via des polders de sable pour agrandir son aéroport, ses bases, ses quartiers chics. Singapour, balise du capitalisme asiatique et démocratie autoritaire dont la soif de gagner sur la mer ne s'étanche pas. Et qui après avoir englouti sept îles du détroit de Macassar, près de l'île de Bornéo (Indonésie), «et s'être fâché avec la Malaisie, l'Indonésie ou le Vietnam», note un expert, se fournit ailleurs. Au Cambodge, où l'industrie du dragage de sable «a un impact dévastateur», dénonce l'ONG britannique Global Witness dans un rapport accablant hier (1).
Premier importateur mondial de sable, Singapour en comptait 527 km2 à son indépendance en 1965 ; 674 km2 en 1998 ; et rêve d'atteindre 834 km2 cette année. Un rêve qui vire au cauchemar écologique, social et économique au Cambodge. «On a bossé des années, photographié les bateaux, dévoilé des contrats liant des sociétés singapouriennes à l'industrie cambodgienne du sable»,confie George Boden, chargé de campagne à Global Witness. «On a expertisé les ravages sur la pêche (50% de poissons disparus dans certains endroits) les expulsions forcées des habitants, interrogé les donateurs internationaux qui ferment les yeux, mis en lumière la chaîne de corruption», poursuit Boden. Après avoir étayé la collusion politico-affairiste sur la déforestation et l'industrie extractive, l'ONG est