Que pensez-vous de la loi climat-énergie présentée cette semaine au Congrès américain ?
Elle me fait l'effet d'une belle occasion manquée, car elle ne va pas assez loin. Aux Etats-Unis, les hommes politiques croient dur comme fer qu'il faut instaurer des marchés de quotas d'émissions comme en Europe. Mais la leçon principale du protocole de Kyoto, c'est que ça ne marche pas : depuis qu'il a été signé et que ces marchés existent, les émissions de CO2 ont continué de grimper. Au-delà de cet aspect, la loi va aider à financer des projets d'extraction de charbon, de forage en mer… Vous savez, à Washington, des milliers de lobbyistes signent des chèques aux sénateurs ou aux représentants du Congrès. La démocratie ne fonctionne pas du tout comme l'avaient rêvé les pères fondateurs. Cette loi en est une preuve supplémentaire car elle a surtout été influencée par les grands industriels de l'énergie. Et les hommes politiques ne se préoccupent plus de l'intérêt commun.
D’après vous, quelle est la priorité pour lutter contre les changements climatiques ?
Il faut une loi très simple et donner un prix au carbone. J’essaie depuis des années de convaincre différents pays de s’y mettre. Le problème principal, c’est le faible prix des énergies fossiles. Aux Etats-Unis, où nous sommes totalement drogués au pétrole, nous payons notre essence deux à trois fois moins cher qu’en Europe. Tant que les énergies fossiles resteront aussi peu chères, les gens n’auront aucun intérêt à changer leur comportement. Surtout, il faut éviter d’extraire la dernière goutte de pétrole et conserver les réserves de charbon, gaz et pétrole enfouies dans le sous-sol de la planè