L'île de Chongming, en face de Shanghai, ne cesse de s'agrandir, de plusieurs mètres par an. Au large, des bancs de sable affleurent à la surface : des îlots qui émergent. Ces nouvelles terres situées à l'embouchure du Yang-Tsé sont apportées par le fleuve chargé d'alluvions. Des dizaines d'espèces d'oiseaux migrateurs font halte à Dongtan, sur cette rive de l'île en extension perpétuelle. Classé réserve naturelle, Dongtan l'a échappé belle. Voilà cinq ans, la municipalité a eu l'idée étrange d'y installer une ville dite «écologique» de plusieurs milliers d'habitants. Equipée des dernières technologies d'économie d'énergie, la ville verte modèle de Dongtan devait être construite à coups de millions par la Chine et le géant britannique du bâtiment Arup.
Afin de contrebalancer les conséquences de son industrialisation, catastrophiques pour l'environnement, la Chine veut se présenter en vitrine de l'écologie. Et l'écoville de Dongtan devait être le clou de l'Exposition universelle. En 2006-2008, cette ville tenait de la priorité nationale. A marche forcée. «Ils n'avaient même pas réalisé d'étude d'impact écologique», confie Wang Qing, un écologiste de l'université Tongji. Trois accords pour la construction de l'écoville ont été signés en grande pompe, dont l'un par le président chinois, Hu Jintao, et le Premier ministre britannique d'alors, Gordon Brown.
Corruption. En vain : la politique a eu raison du projet. Chen Liangyu, maire de Shanghai et