«J'ai une question pour le gars de BP.» Ce mercredi soir à l'école de Phoenix, petit patelin entre le Mississippi et le golfe du Mexique, pêcheurs, fonctionnaires et étudiants se succèdent au micro pour demander des comptes à BP et à un capitaine des garde- côtes chargés de superviser le nettoyage. L'ambiance est calme. La plupart des pêcheurs ont déjà reçu du pétrolier un chèque de 5 000 dollars et suivi des cours de formation (proposés par le pétrolier) pour participer au nettoyage des côtes. Mais les questions sont âpres… et les réponses le plus souvent évasives.
«Combien de temps les gens ont-ils pour porter plainte contre BP», demande une jeune fille, exigeant que ce soit le «gars de BP» qui lui réponde. «Ceux qui acceptent les premiers chèques d'indemnisation pourront-ils porter plainte contre la compagnie ?» Le «gars de BP», Bob Fryar, un «senior vice-président» du groupe, assure que non, il n'y a pas de «date de prescription», mais renvoie au site internet pour les détails.
Au fond de la salle, une équipe de contractants payés par BP propose aussi de recueillir les plaintes des habitants. Le pétrolier fait des efforts manifestes pour aller à la rencontre de la population… Mais, souvent, cela sonne faux : ce soir-là, Bob Fryar, très avenant dans sa chemisette à rayure, se félicite «de cette occasion pour lui de revenir en Louisiane», le pays où il a grandi : «C'est bon d'être avec v