Les hommes exposés au chlordécone ont 80 % plus de risque de développer un cancer de la prostate, révèle une étude épidémiologique rendue publique lundi par le CHU de Pointe-à-Pitre et l'Inserm. Ce pesticide agricole a été couramment utilisé dans la production bananière en Guadeloupe et Martinique entre 1972 et le milieu des années 90. Retiré aux Etats-Unis en 1976, la France l'interdira seulement en 1990 en métropole, et 1993 en Outre-Mer.
Selon cette étude, réalisée de 2004 à 2007 sur la base d'un échantillon cas-témoins de 709 hommes ayant un cancer de la prostate et 723 indemnes de la maladie, «l'exposition au chlordécone est associée à un risque augmenté de survenue du cancer de la prostate», notamment chez les personnes possédant une «concentration en chlordécone supérieure à 1 microgramme par litre de sang». Cette concentration résulte beaucoup plus, selon les auteurs de l'étude, de la consommation de produits alimentaires contaminés que de la manipulation de la molécule elle-même par les ouvriers agricoles qui assuraient son épandage. Ce qui explique l'impact important sur la population.
«De la présomption d'innocence, on est passé à la présomption de culpabilité», a affirmé, au cours d'une conférence de presse lundi à Pointe-à-Pitre, le professeur Pascal Blanchet (CHU de Pointe-à-Pitre et Université des Antilles-Guyane), coauteur de l