L'extrême droite nippone a un nouveau terrain de bataille : la défense des filets de pêche. Ceux qui, à Taiji ou Futo, deux petits ports de la péninsule d'Izu (à 150 kilomètres au sud de Tokyo), servent à rabattre vers la côte, à l'aide de sonars, des milliers de dauphins. Ainsi piégés, les cétacés sont tués le lendemain. Officiellement, le Japon capture 23 000 dauphins par an, destinés aux supermarchés, restaurants et cantines scolaires. Dans l'archipel, la viande de dauphin (consommée bouillie, crue, en ragoût ou gelée) alimente une demande en «captifs frais». «Une tradition, comme la chasse à la baleine», explique-t-on à l'Agence des pêches, à Tokyo.
Menaces. C'est la cruauté de cette chasse, autant que ses risques, que dénonce The Cove, oscar 2010 du meilleur documentaire. Tourné à Taiji à l'aide de caméras cachées, distribué en France par Luc Besson, ce film américain a eu un fort retentissement international excepté… au Japon. Il devait être à l'affiche de trois salles de cinéma, à Tokyo et Osaka, à partir de samedi prochain. Mais des groupuscules uyoku (d'extrême droite) en ont décidé autrement. Depuis des semaines, menaces téléphoniques aidant, les ultras, pour qui «ce film est un affront à l'honneur du Japon», ont prédit «le pire» au distributeur tokyoïte, Unplugged. Résultat : le film est déprogrammé.
D'après la Société pour la restauration de la souveraineté, «il déforme la culture culinaire du Japon,