Depuis la marina de Venice, on peut voir les crabes et les poissons qui ont l'air en pleine forme à la surface de la mer. Ici, l'eau du golfe du Mexique est marron vert, car mélangée avec les afflux du Mississippi, mais sans pétrole : les seules petites plaques luisantes à la surface sont celles semées par les moteurs des bateaux qui participent à la gigantesque opération de nettoyage. La plateforme Deepwater Horizon, qui a explosé le 20 avril, est à 80 kilomètres d'ici. Venice est l'un des bouts de terre les plus proches de l'accident, mais le pétrole y est invisible. «On dirait qu'il est brûlé par le soleil, suggère David, un des vieux loups de mer qui traînent ce matin sur la marina. Il y a quelques jours, j'ai vu un peu d'huile entrer dans les roseaux, à une heure de bateau d'ici. Mais, globalement, on a vu très peu de pétrole par là.»
«Truite mouchetée». David, qui ne veut pas donner son nom de famille, travaille depuis longtemps pour l'industrie pétrolière. «Je les rends millionnaires», sourit-il, expliquant que les plateformes dont il assure la maintenance dégagent des profits de l'ordre de «100 000 dollars [76 000 euros, ndlr] par jour». Ce qui le choque n'est déjà plus la quantité de pétrole déversée dans le golfe, mais «tout l'argent gâché par BP dans cette opération de nettoyage». «Regardez-les», dit-il, montrant sur la marina les dizaines de «secouristes», reconnaissables à leurs gilets de sauv