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Libération
Interview

«Il y aura des dégâts en eau profonde»

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James Cowan, océanographe, critique l’usage de dispersants pour protéger les côtes :
publié le 3 août 2010 à 0h00

James Cowan est océanographe à la Louisiana State University, spécialiste des poissons, comme le red-snapper (vivaneau), qui vivent dans les récifs coralliens, tout proches du puits de pétrole accidenté.

Pourquoi ne voit-on presque plus de pétrole dans le golfe du Mexique ?

Avec les dispersants utilisés massivement, 25% seulement du pétrole est remonté à la surface. Là, ses composants légers comme le gazoline, s’évaporent. Avec le soleil, la température élevée et l’activité des microbes, le pétrole peut être très vite consommé. Mais il reste les boulettes de goudron, parfois minuscules, de la taille d’un grain de sable. Elles peuvent tomber au fond de l’océan, s’accumuler dans les dépressions de terrain et ressurgir des dizaines d’années plus tard en cas de tempête. Ces boulettes de goudron sont non seulement toxiques, mais aussi poisseuses. Si elles se collent sur les récifs, elles empêcheront les polypes qui y vivent de s’y développer. C’est une de nos grandes inquiétudes. Les récifs coralliens ont besoin de beaucoup de stabilité, et ils servent d’habitat à beaucoup de poissons, notamment les vivaneaux.

Avez-vous vu encore du pétrole en mer ?

Dans les marais. Par endroits, l’herbe est noire, elle meurt. Nous n’avons pas de chiffres exacts de l’impact, mais il est clair que la côte a été touchée sur des centaines de kilomètres. La baie de Barataria, l’un des estuaires les plus productifs de Louisiane, a été touchée. Il y a même du pétrole dans le lac Pontchartrain.

On s’étonne aussi d’avoir vu si peu d’animaux morts. N’est-ce pas rassurant ?

Ce qui nous inquiète n’est pas tellement la mortalité immédiate, mais plutôt les effets cumulés, dus au stress su