Aune centaine de kilomètres de la côte Atlantique, le ciel gris perle écrase tout, sauf les arabesques majestueuses des rapaces dont les cris résonnent au-dessus du canyon. Au milieu d’une végétation subtropicale où se côtoient palmiers et épineux, un chemin serpente vers un rafraîchissant cours d’eau. C’est ici, dans la Quebrada de los Cuervos («le canyon des rapaces»), que le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) tente d’exporter le modèle hexagonal des Parcs naturels régionaux.
L’Uruguay, pays nain coincé entre les deux géants argentin et brésilien, reste un eldorado de nature vierge encore peu prisé des agences de voyage. Une richesse que l’Etat veut préserver en mettant timidement en place un système de surfaces préservées. Aujourd’hui, 1,7% du territoire seulement est soumis au Système national des aires protégées (Snap) auquel le FFEM contribue à travers son expertise, façonnée par les Parcs naturels régionaux français. Objectif : doubler cette superficie d’ici dix ans pour passer de 300 000 à 600 000 hectares protégés.
«Nous sommes au début de l'expérience, alors c'est loin d'être idéal», indique Paola, première femme uruguayenne à diriger une aire protégée. Surtout, il faut développer une batterie d'arguments pour convaincre. Dans le pays, 90% de la terre appartient à des propriétaires. Ici comme ailleurs, on veut que le sol «donne». Et la pression foncière devient réellement problématique. «Les multinationales rachètent des