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Récit

En Alsace, les faucheurs arrachent et l’Inra se fâche

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Soixante-dix pieds de vigne transgéniques ont été détruits à Colmar, dimanche. Atteinte à l’expertise publique selon les chercheurs, vigilance pour les militants.
publié le 19 août 2010 à 0h00

L'incompréhension est totale. D'un côté, les chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), qui dénoncent la «violence», et portent plainte pour «atteinte à la liberté de chercher» ; de l'autre, des citoyens qui refusent et empêchent les cultures transgéniques. Au milieu, un essai en plein champ de vignes transgéniques mené à Colmar (Alsace). Dimanche, 62 faucheurs volontaires ont déraciné les 70 pieds de vignes puis transmis leurs noms à la police et appelé les journalistes.

Autorisée en 2005 pour une période de cinq ans, l'expérimentation visait à tester en milieu naturel la résistance de porte-greffes transgéniques au «court-noué». Un virus transmis de cep en cep par un ver du sol qui, selon l'Inra, touche «60% des vignes françaises, provoquant leur mort et rendant les terres impropres à la viticulture». «On voulait savoir si un bois de vigne génétiquement modifié pouvait ralentir le virus. En laboratoire, cela marchait, explique la présidente de l'Inra, Marion Guillou. L'essai en plein champ devait aussi nous renseigner sur l'impact environnemental : les transgènes du bois passent-ils dans les cépages ? Y a-t-il transfert dans les bactéries du sol ? Mais avec ce saccage, impossible de conclure, ce sont huit ans de travail qui sont piétinés !»

Révoltée par cet «acte extrêmement violent», cette «atteinte à l'expertise publique», elle dit sa «totale incompréhension» : «Notre essai était