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Interview

«Ces cultures servent à faire accepter les OGM»

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Faucheurs. Jean-Pierre Frick, vigneron bio en Alsace, justifie l’arrachage, le 15 août, de vignes transgéniques :
publié le 23 août 2010 à 0h00

Demain, ce ne sont pas moins de deux ministres qui se déplaceront à Colmar (Haut-Rhin). Valérie Pécresse (en charge de la Recherche) et Bruno Le Maire (Agriculture) viendront exprimer leur soutien à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et renouveler leur condamnation des faucheurs volontaires qui, le 15 août, ont détruit les 70 pieds de vigne transgénique d’un essai mené en plein champ. Viticulteur bio en Alsace, Jean-Pierre Frick, 54 ans, était l’un des 62 faucheurs. Il explique pourquoi il a pris le risque d’être condamné à deux ou trois ans de prison et à une amende de 75 000 à 150 000 euros.

Pourquoi avoir saccagé cet essai, scientifique et sans vocation commerciale?

J’ai quarante ans d’expérience, je me suis battu contre les pesticides, on ne peut plus me raconter de salades ! On sait très bien la finalité pratique et commerciale du développement des plantes transgéniques. Cet essai en plein champ est surtout destiné à faire accepter les OGM en France.

Mais l’essai était destiné à la lutte contre la maladie du court-noué, qui toucherait 60% des vignobles français et menace la viticulture…

Des mensonges. Même si 60% des vignes sont atteintes, elles ne vont pas toutes développer la maladie. Le court-noué, tout le monde s’en fout. Certains considèrent même qu’en obligeant à couper des grappes, il réduit la quantité et augmente la saveur ! La viticulture n’est pas menacée. La preuve, l’UE verse 5 000 euros par hectare de vignes arrachées définitivement à cause de la surproduction.

Que craignez-vous ?

Je suis agriculteur bio et je veux préserver mon outil de travail. Or, on voit bien avec l’exemple espagnol que la cohabitation entre cultures génétiquement modifiées et cultures conventionnell