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Libération
reportage de notre correspondant

A Maputo, les émeutes de la faim sous les tirs

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Sept morts et des centaines de blessés: la police a ouvert le feu ces deux derniers jours sur les manifestants mozambicains qui dénoncent la flambée des prix, notamment alimentaires.
par Arthur Frayer, Correspondance à Maputo
publié le 3 septembre 2010 à 0h00

«Le Mozambique a faim.» Depuis deux jours, le cri revient comme une plainte, comme une colère, sitôt que l'on s'enfonce dans les faubourgs déshérités de Maputo, la capitale du pays. La population proteste contre la hausse répétée des prix du riz, de l'eau et du pain, qui augmentera de 25% le 6 septembre. En quarante-huit heures, les émeutes, dans ce pays où 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté, ont déjà fait sept morts et 288 blessés, selon un bilan officiel.

Pneus enflammés. Mercredi, la large avenue des Accords de Lusaka, dans le quartier de Maxaquene, a été rapidement envahie par une foule d'adolescents rassemblés à l'appel de textos, d'adultes, de femmes et d'enfants qui demandent le départ du président de la République, Armando Guebuza, et le retour de son prédécesseur, Joaquim Chissano. «Le sac de riz de 25 kilos est passé à 2 000 méticais [40 euros], se plaint une femme, employée de maison. Je ne gagne que 1 500 méticais [30 euros] par mois, comment voulez-vous que je survive ?» La circulation est coupée par des pneus enflammés et des conteneurs renversés et les jeunes lancent des cailloux sur les forces de l'ordre. Qui répliquent en tirant des balles en caoutchouc avant d'ouvrir le feu à balles réelles. «Il ne leur suffit plus de nous affamer, maintenant ils veulent nous tuer!», hurle un adolescent, un lance-pierres à la main. Elio, un garçon de 12 ans qui rentrait de l'école, tombe sous les balles. To