Menu
Libération
Interview

«Il y a de nouvelles menaces de rupture dans la poche»

Article réservé aux abonnés
Mont-Blanc. Christian Vincent, glaciologue, suit le chantier de pompage du glacier de Tête-Rousse, où une cavité de 65000 m3 d’eau risque de rompre.
Des hommes travaillent le 25 août 2010 sur le glacier de Tête-Rousse, au-dessus de Saint-Gervais, pour pomper une poche d'eau (AFP Jean-Pierre Clatot)
publié le 10 septembre 2010 à 0h00

Périlleux et inédit, le chantier de pompage qui se déroule à 3 200 mètres d'altitude dans le massif du Mont-Blanc affronte les zones d'incertitudes inhérentes à une situation exceptionnelle : une gigantesque poche d'eau de 65 000 m3 emprisonnée sous le glacier de Tête-Rousse, qui menace de rompre et d'inonder la vallée de Saint-Gervais (Haute-Savoie). Depuis le 23 août, sous la houlette des services de Restauration des terrains de montagne (RTM), la vidange a commencé (Libération du 26 août). Schématiquement, on procède d'abord à un forage de la glace, grâce à l'injection d'eau chauffée à 18O°C et sous pression, puis à l'installation de pompes et de tuyaux qui aspireront et rejetteront l'eau dans des combes voisines.

Mardi, alors qu'une deuxième pompe était entrée en action et que 6 500 m3 avaient été vidangés, les travaux ont été suspendus. Les chercheurs du labo de glaciologie du CNRS à Grenoble voulaient évaluer le risque d'effondrement. Hier, ils ont présenté au maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex, et à la préfecture de Haute-Savoie, leur rapport qui conclut à un «risque faible mais pas nul». Ils préconisent d'achever la vidange au plus vite. Christian Vincent, glaciologue et «découvreur de la cavité», explique pourquoi l'entrée dans cette phase de risque est inévitable.

Avant le début des travaux, vous parliez de «cocotte-minute». La pression a-t-elle diminué ?

Oui, l'effet du pompage a été positif : le niveau d'eau a baissé de 30 mètres et la pression de 3 bars. Même si seuls 6 500 m3 ont été pompés sur un