«Châteaux d'eau en péril» : c'est sur cette menace que se sont achevés, vendredi, à Megève (Haute-Savoie) les états généraux de l'eau en montagne. Ambition : initier, face au réchauffement climatique, une gouvernance européenne de l'eau en montagne. Directeur de l'Office international de l'eau, Jean-François Donzier explique pourquoi les massifs montagneux nécessitent d'urgentes mesures d'adaptation.
Le changement climatique s’observe-t-il déjà pour la réserve en eau douce ?
On en voit déjà les effets en Afrique du Nord, au Moyen-Orient ou en Australie. La diminution d’au moins un quart de la ressource en eau douce y sera très vite atteinte. Dans les zones montagneuses de régime nivo-glaciaire, la modification est une réalité : les montagnes européennes figurent parmi les premières victimes du changement climatique. Les glaciers fondent : ils ont perdu, depuis 1850, 80% de leur volume dans les Pyrénées et 40% dans les Alpes. Quant à la température moyenne, dans les Alpes, elle a augmenté depuis les années 50 deux fois plus vite que celle de la Terre, un phénomène encore accru en haute altitude.
Quels sont les impacts?
Les montagnes sont les châteaux d’eau de la planète. Les grands fleuves européens (Ebre, Rhône, Pô, Rhin, Danube) prennent leur source en montagne. Au printemps, glaciers et neige fondent, la montagne «déstocke» et alimente le débit estival des fleuves. Si 11% du bassin du Rhin se trouvent dans les Alpes, celles-ci assurent 34% de son débit annuel, mais surtout plus de 50% du débit en été. Sous l’effet de la diminution de l’enneigement et de la fonte d