C'est le genre de cadeau dont on se demande ce qu'il cache. Depuis un mois, les centres E. Leclerc donnent de l'argent à leurs clients pour qu'ils effectuent des travaux d'économies d'énergie chez eux : 69 euros pour un chauffe-eau solaire, 588 pour une chaudière à condensation, jusqu'à 1 700 euros pour 150 m2 d'isolation de plancher. Des euros versés sous forme de «primes énergies» valables… dans les magasins Leclerc. Pur altruisme d'un distributeur soucieux d'image verte ? Pas exactement : le groupe a surtout trouvé un moyen astucieux de s'acquitter d'une coûteuse obligation légale.
Au commencement étaient les certificats d'économies d'énergie (CEE). Mis en place par une loi de 2005, expérimentés sur la période 2006-2009, ils visent à «faire en sorte que les fournisseurs d'énergie gagnent de l'argent en faisant faire des économies, en devenant des vendeurs de services énergétiques plus que de kilowattheures ou de litres d'essence», explique Raphaël Claustre, directeur du Comité de liaison des énergies renouvelables. Les opérateurs reçoivent un objectif d'économies à réaliser pour obtenir un CEE, factures de travaux à l'appui. Si l'objectif n'est pas atteint, ils doivent payer une pénalité. Le dispositif, qui concernait jusqu'ici électricité, gaz et fioul, s'étendra aux carburants le 1er janvier. Et donc à Leclerc, deuxième opérateur via ses stations. Qui estime le coût total de ses 15 terawattheures à économiser à 45 millions d'euros