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Libération

Quand l’archéologie s’attaque au climat

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publié le 6 octobre 2010 à 0h00

Il fut un temps où le Tchad était un grand lac, le Sahara une savane. Périodes glaciaires, réchauffements : depuis des millénaires, les hommes ont su s'adapter aux mutations climatiques de la planète. «C'est la désertification qui les a poussés, au néolithique, à se regrouper auprès des points d'eau sur les bords du Nil, et à s'y sédentariser, ce qui a permis l'éclosion de la civilisation pharaonique», note le préhistorien Yann Tristant, de l'Institut français d'archéologie orientale, au Caire (Ifao). A l'unisson des scientifiques rassemblés il y a peu dans la capitale égyptienne pour un colloque consacré à «L'archéologie du paysage», organisé par l'Ifao, le CNRS et le service des antiquités égyptien, il met en garde : phénomène nouveau, la démographie a bouleversé la donne.

«A l'exception de l'île de Pâques ou des Indiens anasazis d'Amérique, on a peu d'exemples de civilisations disparues à cause d'une mauvaise gestion de l'environnement», acquiesce Eric Fouache, professeur de géo-archéologie à Paris-Ouest. «Elle fait cependant partie des champs de contraintes, comme l'économie, le système politique, la stabilité sociale. Le problème, c'est que nous n'avons jamais été aussi nombreux. Aujourd'hui, le grand risque de nos villes à démographie non-contrôlée, c'est l'explosion sociale.» Appuyée par les travaux croisés des archéologues, paléobotanistes, géologues ou historiens, la géo-archéologie permet ainsi de mettre en évidence les interactions de l'h