A3 817 mètres d'altitude, même les machines-outils s'essoufflent. Sur l'éperon rocheux qui surplombe plus de 1 000 mètres de vide, les moteurs souffrent du manque d'oxygène, tout comme les ouvriers, les techniciens, les charpentiers, les ingénieurs et tous ceux qui travaillent ici, à quelques heures de marche du Mont-Blanc. «Il faut apprendre à être humble : ne pas courir, aller plus lentement, résister au froid, moins 15°C certains matins, aux rafales de vent qui peuvent dépasser les 250 km/h, à la neige qui oblige à travailler sous bâche», dit Bernard Bottolier. Visage tanné et yeux clairs, il est chef de chantier de la Société des guides du Grand Massif, spécialisée dans les travaux en hauteur. Loin de le rebuter, les conditions extrêmes l'exaltent. Comme ses compagnons, il se dit ravi et fier de contribuer à ce «défi» : construire un refuge, en haute montagne, dans des conditions acrobatiques, un bâtiment écologique modèle, un laboratoire où seront expérimentées des technologies de haute qualité environnementale. Un refuge mythique et très attendu de surcroît : planté sur l'itinéraire le plus fréquenté pour rallier le toit de l'Europe, il remplacera le célébrissime refuge du Goûter dont la vétusté et l'inconfort sont devenus légendaires dans le monde des montagnards, pros et amateurs, français ou étrangers.
Couvertures raides de crasse
Il est là, à 200 mètres du chantier, le vieux refuge le plus haut de France, accroché au sommet de l’aiguille du Goûter. Construit en 1960, agrandi e